Adopter une gestion collaborative pour susciter l’engagement

28-05-2021
Depuis plusieurs années, la pénurie de main-d’œuvre est un des principaux enjeux auxquels font face les entreprises. Et si les entreprises mettent énormément d’efforts pour recruter des talents, encore faut-il en assurer la rétention. Les milléniaux qui arrivent sur le marché du travail ont des besoins spécifiques et sont prêts à changer d’emploi pour combler leur besoin d’épanouissement et d’avancement professionnel. Alors, comment faire pour que vos perles rares restent dans votre entreprise ? Il existe évidemment plusieurs avenues. Et l’adoption d’une gestion collaborative pour susciter l’engagement en fait partie.
Rédigé par :
Marilyn Manceau, cofondatrice de L’ILOT
Pratiques RH, attraction et rétention, gestion collaborative, engagement, UDEM, l'ILOT

Une gestion collaborative, c’est quoi ?

La gestion collaborative est tout d’abord caractérisée par la volonté du dirigeant de bénéficier et d’activer toute l’intelligence collective qui existe au sein de ses équipes. Les employés sont ainsi invités à contribuer activement de différentes façons au développement et au succès de l’entreprise, et ce, de façon régulière. Par exemple, ceux-ci peuvent être consultés sur les orientations stratégiques à prendre ou être invités à partager leur expertise et leur expérience pour guider une prise de décision. Le dirigeant peut également mettre en place des conditions qui favorisent la collaboration entre employés afin que ceux-ci trouvent eux-mêmes les solutions aux défis qu’ils rencontrent.

Ainsi, la gestion collaborative se trouve à mi-chemin entre une gestion hiérarchique pyramidale et bureaucratique, qui laisse peu de place à l’autonomie et la participation active des employés, et l’autogouvernance où tous sont impliqués dans la gouvernance de l’entreprise. La gestion collaborative, c’est avant tout une approche et une philosophie de gestion qui mise sur les forces vives de l’entreprise : ses employés.

Adopter une gestion collaborative au sein de son entreprise comporte plusieurs avantages. Parmi ceux-ci, notons :

  • Une meilleure prise de décision : En bénéficiant d’une richesse et d’une diversité de savoirs et d’expériences, vous réduisez le risque de prendre une décision basée sur une vision incomplète de la situation.
  • Une meilleure disposition au changement : En impliquant vos employés, vous leur permettez de mieux comprendre les raisons d’un changement en cours, de réduire leur perception des risques associés et d’identifier les avantages qu’ils peuvent tirer de la nouvelle situation. Il est toujours plus engageant de se sentir comme un acteur du changement que de subir le changement.
  • Une agilité organisationnelle : En décentralisant la prise de décision et la résolution de problèmes, la gestion collaborative favorise l’agilité organisationnelle, cette caractéristique si essentielle à la survie et à la croissance de toute entreprise.
  • Une plus grande rétention des talents : En misant sur la collaboration au sein de votre organisation, vous favorisez la création d’un sentiment d’appartenance entre les employés et envers l’entreprise. Et en les impliquant activement dans le développement de l’entreprise, vous leur offrez une occasion de développer de nouvelles compétences, de s’épanouir professionnellement et de donner du sens à leur action.

La gestion collaborative pour engager ses employés

Une équipe engagée est un groupe de personnes qui décident — de façon volontaire — d’offrir à leur organisation toute l’énergie nécessaire pour accomplir un travail de qualité et à valeur ajoutée. L’engagement part donc d’une motivation propre à chaque employé, et non de la motivation du gestionnaire. Bill O’Brien de Hanover disait, à juste titre : « Ma vision n’est pas ce qui vous importe. La seule qui puisse vous motiver, c’est la vôtre. »

Alors, si le gestionnaire ne peut « motiver » ses employés, comment peut-il favoriser leur engagement dans l’organisation ? En créant les conditions qui leur donneront le goût de s’investir et d’offrir leur énergie et leurs efforts pour l’entreprise.

Bien sûr, offrir un bon salaire et un cadre de travail sécuritaire est essentiel à l’engagement et à la rétention des employés. Mais répondre à ces besoins fondamentaux est insuffisant. Pour augmenter la motivation et favoriser la rétention, les dirigeants doivent également satisfaire les besoins psychologiques de base de tout être humain (Deci et Ryan), soit :

  • Être reconnu et valorisé dans ses compétences
  • Bénéficier de l’autonomie nécessaire pour pouvoir se mettre en action avec confiance
  • Avoir un sentiment d’appartenance à son équipe et à son entreprise

Une gestion collaborative devient ainsi un atout de taille pour favoriser l’engagement de ses employés.

Contenu supplémentaire

3 pistes d'action pour une gestion plus collaborative

1. Impliquez vos employés dans votre démarche de planification stratégique

Votre planification stratégique est plus qu’un document qui doit être mis à jour périodiquement. C’est une occasion de rêver votre entreprise de demain avec vos employés, de développer une compréhension commune du contexte complexe dans lequel votre entreprise évolue et des défis qui nécessitent le « faire autrement », ainsi que de les amener à devenir des alliés proactifs du changement.

En les faisant participer à toutes les étapes du processus de planification stratégique, vos employés sentiront qu’ils contribuent à quelque chose de plus grand qu’eux, développeront la conviction qu’ils peuvent contribuer activement à l’atteinte de cette cause, adhéreront davantage aux orientations stratégiques priorisées et trouveront plus facilement un sens à leur action au quotidien.

2. Expérimentez la sollicitation d’avis avant la prise de décision

Il existe plusieurs façons de prendre des décisions, mais deux d’entre elles sont plus couramment utilisées en entreprise : la prise de décision autoritaire et la prise de décision par consensus. Dans le premier cas, une seule personne décide pour le groupe. Bien que parfois justifiée, cette façon de faire peut mener à de mauvaises décisions, par manque d’information. Elle peut également démobiliser des employés non consultés, mais qui se sentent concernés par la question. Le consensus n’est également pas toujours souhaitable. Cette façon de procéder peut-être longue et donner l’impression de tourner en rond, s’il devient difficile de trouver un accord commun.

La sollicitation d’avis constitue un mode de prise de décision intéressant pour les dirigeants qui souhaitent adopter une gestion plus collaborative, sans perdre en efficacité. La prémisse : Toute personne est habileté à prendre des décisions. Mais au préalable, elle se doit de consulter l’avis des spécialistes du sujet, de ceux qui sont concernés par la décision ou qui en seront en subiront les effets. Ce faisant, elle aura en main toute l’information nécessaire pour prendre une décision éclairée.

Par exemple, la responsable du développement des compétences d’une PME pourrait solliciter l’avis du dirigeant, du comptable et des employés avant de déposer les règles entourant le remboursement des dépenses des employés liées aux formations continues. La responsable n’est pas tenue de prendre en compte toutes les opinions, mais s’engage à les étudier sérieusement de façon à être en mesure de communiquer les raisons ayant mené à sa décision finale.

La sollicitation par avis comporte plusieurs avantages dont la reconnaissance et la valorisation des compétences, le renforcement du sentiment d’appartenance et l’agilité que permet une prise de décision rapide et autonome au sein de l’entreprise.

3. Encouragez la création de cellules de résolution de problèmes spontanée et autonome

Un employé rencontre un défi qui l’empêche d’atteindre ses objectifs ? Encouragez-le à solliciter la collaboration de ses collègues pour l’aider à dénouer son enjeu. La mise en place d’une telle cellule de résolution de problème peut se faire facilement : l’employé partage son problème à son équipe, ainsi que le moment où il est disponible pour un brainstorm. Cela peut se faire par courriel ou sur une plateforme collaborative comme Slack. Les collègues qui sont disponibles et qui souhaitent participer se manifestent. L’employé peut ainsi bénéficier de plusieurs têtes pour explorer son enjeu et identifier des pistes de solution.

La création de cellules de résolution de problèmes spontanée et autonome permet de satisfaire aux trois besoins psychologiques fondamentaux :

  1. La reconnaissance et l’activation des compétences
  2. l’autonomie
  3. et le sentiment d’appartenance.

Toutefois, la création de telles cellules ne doit pas reposer uniquement sur les épaules des employés. Le gestionnaire doit également mettre en place des conditions qui facilitent leur existence. Tout d’abord, en offrant une structure de travail flexible qui permet à tous de contribuer aux projets de leurs collègues, et ce, sans conséquences négatives. Il doit également valoriser et encourager la résolution de problèmes auto-organisée en faisant confiance à la capacité des équipes à trouver elles-mêmes les réponses à leurs problèmes, ainsi qu’en prônant par l’exemple en sollicitant lui-même ce type de rencontre à l’occasion.

En somme, pour engager vos employés, offrez-leur autant d’occasions de contribuer — activement et à vos côtés — au développement et au succès de votre entreprise !

 


À propos

Créer du sens, créer des liens, créer de la valeur, créer de nouvelles solutions, se créer soi-même... C’est ce qui a amené Marilyn à cofonder L’ILOT en 2016. Chaque jour, elle accompagne des individus, des organisations et des territoires à clarifier l’impact qu’ils souhaitent avoir dans leur organisation ou leur territoire, revisiter leurs pratiques et leurs processus pour mieux « agir ensemble », explorer avec curiosité de nouvelles possibilités et mettre en place les conditions gagnantes pour qu’ils puissent s’engager ensemble à vivre un présent empreint de sens et d’humanité.

 


Pour aller plus loin :

LALOUX, Frédéric. Reinventing organizations : vers des communautés de travail inspirées, Paris, Éditions Diateino, 2019, 483 p.
RYAN, Richard M and DECI Edward L. Self-determination theory: Basic psychological needs in motivation, development, and wellness.
Guilford Publishing, 2017, 756 p.
LEFEBVRE, Sonia. Vers un modèle de gestion en pouvoir partagé : l’expérience de Pour 3 Points : https://www.lilotcoop.com/publications-lilot