6 raisons pour lesquelles vos talents quittent le navire

14-06-2022
Après les vacances, bon nombre d’employeurs appréhendent le départ de leurs talents vers la concurrence. Coup d’œil sur les raisons qui poussent les employé.e.s à quitter le navire et à dire adieu à leur employeur.
Rédigé par :
Annie Bourque, Pratiques RH
Pratiques RH Attirer et retenir les employés avant leurs vacances

En emploi tout comme en amour, les trois premiers mois représentent une période charnière. « Une personne s’intégrera à l’entreprise en assimilant les règles et la culture de cette dernière tout en observant le fonctionnement de son patron et de ses collègues », précise France Dupéré, conseillère en ressources humaines agrées (CRHA) et formatrice. 

Après un trimestre d’embauche, elle sera en mesure d’évaluer son bien-être et de répondre à ces questions : 

  • Suis-je bien dans l’entreprise ?
  • Est-ce mieux ou pire que mon précédent poste ?  

Si les réponses s’avèrent négatives, Mme Dupéré croit que l’employé.e songera même à quitter l’entreprise au bout de six mois. 

Solution 

Mme Dupéré suggère de jumeler le nouveau venu avec un.e collègue senior qui jouera un rôle de mentor.e. De cette façon, cela évite des écueils ou de coûteuses erreurs d’apprentissage. 

1. Absence de défis

Après la lune de miel des premiers mois, il faut surveiller la période s’échelonnant entre 18 et 24 mois. « L’employé.e va se demander : est-ce que je peux apprendre encore ? Puis-je obtenir un mandat particulier me permettant de grandir et de m’enrichir dans telle facette de mon métier ? », explique-t-elle. 

Mme Dupéré estime que l’absence de défis dans un poste, et surtout, l’impression d’avoir fait le tour du jardin, est un facteur à considérer. 

« Plusieurs sont motivé.e.s par l’obtention de nouvelles responsabilités et la volonté d’apprendre ou d’acquérir de nouvelles compétences dans un autre champs d’activité. »

Solution 

Plutôt que de déléguer les tâches en fonction de l'expertise et l'efficacité des gens, un.e gestionnaire peut proposer un nouveau projet à l’ensemble de son équipe. Cela permet aux membres de choisir ce qui les intéresse et ainsi, développer de nouvelles compétences. « Parmi les clients qui ont tenté l'expérience, plusieurs de leurs employé.e.s ont levé la main pour participer au projet. Cela est une nouvelle façon de responsabiliser et mobiliser les gens », illustre de son côté Mylène Grégoire, (CRHA) et présidente de Mymosa&Co une firme de coaching en entreprise. 

Au fil des mois, l’employé.e peut ainsi entrevoir la possibilité de déployer ses ailes et d’enrichir son portfolio, ce qui augmentera grandement sa motivation. 

2. Choc des valeurs 

En se joignant à une entreprise, on découvre ses valeurs sociales et corporatives : santé et sécurité, travail d’équipe, innovation, etc. Les dirigeants et gestionnaires ont ainsi la responsabilité de transmettre des valeurs essentielles comme le respect, la justice et l’équité.

Pratiques RH a obtenu la confidence d’un ancien conseiller en ressources humaines embauché dans une PME connue au Québec. La directrice le convoque dans son bureau. « Tu dois annoncer à Caroline (nom fictif) qu’elle a tel manquement à son dossier. On n’a pas l’intention de la garder : elle est enceinte. » 

Ces prétextes ont profondément heurté la personne chargée de la délicate mission de congédier la jeune femme. Il a préféré quitter son poste. 

Les employé.e.s ont en effet à cœur leur travail et tiennent à l’accomplir en cohérence avec leurs valeurs. 

Solution

Lors de l'établissement du choix de valeurs dans une organisation, il faut s’assurer de bien les véhiculer et de s’arrimer aux changements de la société. « Si vous prônez l’équilibre par exemple, les indicateurs de performance et d’évaluation ne devraient pas reconnaitre le nombre d’heures effectuées au travail. Et si au contraire, vous favorisez le plaisir au boulot, nul besoin d’un style de gestion intransigeant où les erreurs ne sont pas pardonnées », lance Mylène Grégoire. 

3. Conditions de travail 

Au fil des mois, plusieurs travailleur.se.s s’aperçoivent que les conditions ne ressemblent guère à l’offre d’emploi initiale. « Les employeurs sont aux prises avec un manque de ressources. Les gens essaient de recruter en vain. Un.e employé.e peut occuper 2 voire 3 fonctions en même temps », observe Mylène Grégoire qui est aussi fondatrice du programme de formation Brillez au boulot.

Mme Grégoire a développé un programme s’adressant aux gestionnaires et aux employ.é.e.s afin de développer des relations durables avec ses collègues et solidifier leur confiance. 

La pénurie de main-d’œuvre entraîne une surcharge de travail pour le personnel qui a l’impression d’être pressé comme un citron. « Souvent, la personne fait davantage que sa description de tâches et peut se retrouver à en effectuer d’autres qu’elle n’aime pas nécessairement », observe-t-elle. 

Solution 

La conseillère en développement organisationnel, France Dupéré, préconise d’offrir un environnement de travail correspondant aux attentes de l’employé.e. 

Cela peut se traduire par l’aménagement d’un horaire dédié pour pratiquer le bénévolat, par faire de la méditation ou les activités sportives de son choix.  

Plusieurs rêvent de partir en famille six semaines au Costa Rica avec les enfants ou de travailler quatre jours par semaine.

Le mot « accommodement » trouve ici tout son sens. 

4. Climat 

L’imprésario de la chanteuse Céline Dion, le regretté René Angelil répétait son secret pour la longévité de sa relation de couple : « Happy wife, happy life » qui pourrait se traduire par une femme heureuse a une incidence sur sa vie. La même analogie s’applique au boulot. Une personne heureuse dans son travail va se refléter sur le climat de l’entreprise. 

Récemment, Mylène Grégoire a eu l’occasion de remarquer qu’une PME a vu de nombreux employé.e.s quitter le navire. Cela faisait suite à l’embauche d’une directrice qui surveillait les arrivées, sorties et temps de pause des subalternes. « L’environnement était devenu toxique. Plus personne ne riait dans l’entreprise, car l’employeur estimait qu’il s’agissait d’une perte de temps », rapporte la présidente de Mymosa &Co. 

L’environnement au travail est un facteur important de rétention du personnel. Les employé.e.s doivent ressentir du plaisir de côtoyer leurs collègues. 

Solution 

Questionnez les besoins et irritants des employé.e.s. Vous pouvez réaliser cet exercice par l’application OfficeVibe pour avoir le pouls de votre équipe. 
On évite de parler contre un.e collègue, et pire, de dévoiler sa vie privée aux autres. 
L’employeur peut installer une balançoire ou encore une table de baby-foot pour se détendre et faciliter la bonne humeur au sein des troupes.  

5. Patron 

Le leadership du patron, son écoute et sa capacité de mobiliser et de mettre en valeur les membres de l’équipe vont de pair avec la rétention du personnel. 
« Les employé.e.s auront le goût de décrocher la lune en travaillant avec un gestionnaire ou un patron qui est à leur écoute. Les gens ont grandement besoin d’être choisis et reconnus pour leur talent et leur contibution », ajoute Mylène Grégoire. 

Même son de cloche du côté de France Dupéré qui indique qu’à l’ère de la déconnexion, il faut éviter l’envoi de courriels ou textos, le soir ou les fins de semaine. 

Conflit de personnalité 

Advenant un conflit avec un patron ou gestionnaire, les experts en ressources humaines recommandent de faire appel rapidement à une aide extérieure dont un.e médiateur.trice. « Il ne faut pas laisser traîner les choses car en réglant le problème, on évite le départ de talents qui sont précieux dans l’entreprise », croit Mme Dupéré. 

Solution 

Le patron ou gestionnaire communique régulièrement avec l’employé.e qui à son tour parle de ses besoins. De son côté, le patron reconnait l’apport de son salarié.e par différentes actions dont une reconnaissance verbale ou l’octroi de nouveaux avantages dont une prime, des outils technologiques, etc. 

Mise en garde 

L’employé.e va peut-être choisir de quitter le navire en raison d’un manque d’équilibre et de l’impression de consacrer trop de temps au travail. 
« Attention, cela n’est pas nécessairement la faute du patron ou du gestionnaire, croit Mylène Grégoire. Il faut se poser la question si la faute ne revient pas uniquement à l’employé.e qui par gentillesse, accepte tous les mandats et n’a pas eu la capacité de s’affirmer et de refuser une tâche supplémentaire. » 

6. Rémunération

À la fin de sa première année en poste, les travailleur.se.s veulent être traité.e.s avec justice et équité. « Si l’évaluation de performance confirme que telle personne est un atout pour l’entreprise, cette dernière souhaitera être récompensée », allègue France Dupéré. 

Solution 

La récompense peut être monétaire, comme l’ajout par exemple d’un montant substantiel dans le fonds de pension. Sinon, elle peut être de l’ordre du loisir avec l’octroi de congés supplémentaires ou le paiement d’un abonnement au gym ou dans un centre de ski.» 

« Cette rémunération sous forme de salaire ou de bonus est octroyée en fonction de la performance de l’employé.e », précise Mme Dupéré.  

Plusieurs performent au boulot et souhaitent être traité.e.s à la hauteur de leur talent. « L’important, c’est que les deux parties trouvent leur compte », conclut-elle.  

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